«Que montrent ou que dévoilent les artistes quand ils exploitent et explorent ou encore détournent les fonctionnalités du réseau Internet ?» (Quatrième de couverture d'Art et Internet, de Fred Forest )


Je ne sais pas si Fred Forest a compris ce qu'était Second Life mais il a réussi à détourner ce que cela peut être. J'ai en effet été à sa conférence organisé sur la région de l'agence de marketing et de communication Identité et Instrument.

On m'a reproché d'avoir fait une large publicité à cette conférence, dans la revue de flux de ce mardi. Mais je ne vois pas comment j'aurai pu émettre un avis sans y être. Pour savoir ce que pouvait être les dires du conférencier, il fallait qu'il y ait un public. Pourtant, j'avais déjà un a priori négatif sur Fred Forest, notamment après la mise en place d'un centre expérimental sur Second Life et avec les propos qui ont ensuite été échangés.

A la question «Quel devenir pour l'art au 21ème siècle?», je n'ai aucune réponse et je n'ai pas attendu que Fred Forest y réponde. Je suis resté pratiquement jusqu'à l'heure où la conférence devait se terminer, mais l'artiste n'en était encore qu'à l'introduction (au bout de presque une heure....).

On se sent con lorsqu'on va à une telle conférence. Parce qu'on nous balance plein de notions, plein de choses pour impressionner, sans doute. Et puis on prononce des noms, des mots qui font toujours bien. J'ai vaguement compris qu'on parlait du minitel, de Duchamp, du lien entre l'impressionnisme et la photographie. Quand je suis parti pour me rendre à la présentation du nouveau projet Traverses, le cours magistral de Fred Forest était encore loin de d'aborder l'art au XXIème siècle.

Je parle de cours magistral car c'est bien de cela qu'il s'agissait:
  • Le Docteur d'État à la Sorbonne, professeur en Sciences de l'information et de la communication, ne lisait pas le chat. Embêtant, surtout lorsqu'il y a de l'écho dû au conférencier.
  • Il fallait à la fois écouter la lecture de Fred Forest et lire nous-même, en même temps, d'immenses panneaux qui redisaient, peu ou prou, la même chose.
  • Il n'y avait pas d'interaction entre le public et le conférencier.
  • Lorsque Fred Forest s'est aperçu que nous discutions (oui, ce n'est pas poli...), il nous a indiqué qu'il allait accélérer pour que nous puissions discuter entre nous!
Bref, de mon point de vue, cette conférence est bien à l'opposé de ce que peut être une conférence dans Second Life: absence de pertinence du propos, absence d'interactivité, absence de pédagogie, absence de souci des personnes présentes. S'il s'agissait d'un détournement de ce que peut être Second Life, alors la performance était réussie. Cependant, n'étant pas resté jusqu'à la fin, il conviendra peut-être qu'on modère mes propos dans les commentaires.

Mais, pendant que j'y suis, parlons de l'idée saugrenue d'offrir des livres dédicacés. Je n'ai rien contre les livres, évidemment et, si j'ai quitté la conférence de Fred Forest, c'était pour aller entendre parler du projet d'un livre-voyageur à la galerie Tournicoton (où je n'ai pas pu rester car la région était full, en partie dû à cette présentation, très conviviale et avec de vrais échanges, et que je crashais donc). Mais comment peut-on imaginer comme pertinent d'envoyer des livres à des avatars, lorsqu'on veut s'inscrire dans un univers numérique? Certes, pour la marque «Fred Forest», c'est sans doute une bonne opération de marketing, mais alors cet univers n'est qu'un support de plus et, concernant notre univers immersif, c'est passé à côté de sa réalité. Il y a peut-être à discuter, je peux me tromper.

Pour terminer ce billet, je finirais par citer un certain Fred Forest: « L'art, tel que nous le concevons et comme l'ont aussi conçu beaucoup d'autres hier, ne saurait s'imaginer sans responsabilité éthique.» J'ajouterais que si l'artiste a la responsabilité de ses tics, il serait temps qu'il s'en débarrassât. Surtout pour les TIC.